Journée mondiale de la liberté de la presse : prix décerné aux journalistes à Gaza, 70 % des reporters environnementaux menacés

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, l’Unesco présente une enquête révélant que plus de 70 % des journalistes qui traitent des questions environnementales sont victimes de menaces, de pressions ou d’attaques. Jeudi 2 mai, l’organisation avait attribué son Prix mondial de la liberté de la presse à l’ensemble des journalistes palestiniens couvrant Gaza. Ce vendredi, Reporter Sans Frontières publie également son classement de la liberté de la presse, estimant que « les États échouent à protéger le journalisme » , et dans lequel la France n’arrive que 21e.

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La journée mondiale de la liberté de la presse a lieu ce vendredi 3 mai 2024 à l’initiative de l’Unesco. Pour cette occasion, l’agence des Nations unies spécialisée dans l’éducation a publié une enquête révélant que plus de 70 % des journalistes de 129 pays qui traitent des questions environnementales ont indiqué avoir été victimes de menaces, de pressions ou d’attaques.

La veille, elle avait attribué jeudi son Prix mondial de la liberté de la presse à l’ensemble des journalistes palestiniens couvrant Gaza, décimés depuis plus de six mois par l’offensive israélienne. « En ces temps d’obscurité et de désarroi, nous souhaitons adresser un message fort de solidarité et de reconnaissance aux journalistes palestiniens qui couvrent cette crise dans des circonstances dramatiques », a commenté Mauricio Weibel, président du Jury international de professionnels des médias. « L’humanité a une dette immense à leur égard, pour leur courage et leur engagement en faveur de la liberté d’expression », a-t-il poursuivi dans un communiqué. Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), une association basée à New York, au moins 97 journalistes et salariés de médias ont été tués depuis le 7 octobre. 92 sont des Palestiniens, 16 autres ont été blessés.

Recul de la liberté de la presse des journalistes environnementaux

Dans son nouveau rapport « Presse et planète en danger », publié à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, l’Unesco indique avoir mené en mars une enquête auprès de 905 journalistes. Plus de 70 % d’entre eux déclarent avoir été la cible « d’attaques, de menaces ou de pressions » en lien avec leurs enquêtes sur des questions environnementales. 85 % des journalistes concernés disent avoir fait l’objet de menaces ou de pressions psychologiques, 60 % ont été victimes de harcèlement en ligne, 41 % d’agressions physiques et 24 % ont déclaré avoir été attaqués sur le plan juridique. Près de la moitié disent même s’autocensurer par crainte de représailles, de voir leurs sources dévoilées, ou parce qu’ils sont conscients que leurs articles sont en conflit avec les intérêts de parties prenantes concernées.

Dans le cadre de la publication de cette enquête, l’Unesco a également révélé qu’au moins 749 journalistes et organes de presse traitant de questions environnementales ont été « la cible de meurtres, de violences physiques, de détentions et d’arrestations, de harcèlement en ligne ou d’attaques juridiques » au cours de la période 2009-2023. Une augmentation de 42 % des cas a été relevée entre 2019 et 2023 par rapport à la période précédente (2014-2018).

L’Unesco rappelle enfin qu’au moins 44 journalistes traitant des questions environnementales ont été tués depuis 2009 dans 15 pays, dont 30 en Asie-Pacifique et 11 en Amérique latine ou dans les Caraïbes. Les journalistes environnementaux sont confrontés à des risques croissants car leur travail « recoupe souvent des activités économiques très rentables, telles que l’exploitation forestière illégale, le braconnage ou le déversement illégal de déchets », fait remarquer l’Unesco. L’Organisation appelant ainsi à un renforcement du soutien aux journalistes spécialisés dans les questions environnementales, car « sans informations scientifiques fiables sur la crise environnementale en cours, nous ne pourrons jamais espérer la surmonter », a indiqué la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.

« Une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias »

Ce vendredi 3 mai, Reporters sans frontières (RSF) publie également son classement annuel de la liberté de la presse dans le monde, alertant sur l’augmentation des pressions politiques, alors que la moitié de la planète vote en 2024, de l’Inde aux États-Unis en passant par les élections européennes. RSF pointe ainsi « une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias », alors que « 2024 est la plus grande année électorale de l’histoire mondiale ». La Norvège reste en tête de ce 22e classement de la liberté de la presse, tandis que l’Érythrée arrive en dernière position, 180e, après la Corée du Nord les deux années précédentes. La France passe de la 24e à la 21e place par un effet mécanique, alors que les indicateurs du pays « stagnent », relève auprès de l’Agence France-Presse Anne Bocandé, directrice éditoriale de l’ONG de défense des journalistes.

Globalement, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans les trois quarts des pays. L’ONG dénonce en particulier l’« absence manifeste de volonté politique de la communauté internationale à faire appliquer les principes de protection des journalistes » à Gaza. « Il s’agit de l’un des conflits les plus meurtriers pour les médias, avec une autre victime essentielle : la liberté de la presse », écrit la fédération. « Il est dans l’intérêt du public mondial que les journalistes locaux, mais aussi internationaux, témoignent et documentent la guerre en cours à Gaza. En prolongeant l’interdiction d’entrer dans l’enclave, on prive le monde d’une image fidèle des événements à Gaza et on porte délibérément atteinte à la liberté de la presse. C’est pourquoi, en cette Journée mondiale de la liberté de la presse, nous demandons au gouvernement israélien de cesser de s’en prendre aux journalistes et de porter atteinte à la liberté de la presse – des actes qui ne sont pas dignes d’une démocratie », a notamment déclaré Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ.

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